CENTRE CULTUREL SUEDOIS
11, rue Payenne, 75005 Paris
Exposition de sculptures et de peintures du 23 septembre au 2 novembre 1980
”Dans la cabale, la divinité pure et infinie est définie En Soph, elle est symbolisée par la lettre Aleph le point qui renferme en lui l’univers entier. Celui qui regarde à l’intérieur d’Aleph voit tout l’univers tout ce oui existe.
Dans la nouvelle ”Aleph” José Luis Borges décrit le sentiment que l’on éprouve en contemplant le cosmos des cabalistes, la sensation de tout voir simultanément et sous tous les angles. Aleph était une petite sphère, couleur tournesol, au rayonnement quasi insoutenable, flottant dans l’air immobile au dessus de l’escalier de la cave d’une maison en ruine de Buenos Aires.
J’ignorai si Sivert Lindblom lit la cabale ou s’il s’est plongé dans la mystique du nombre des alchimistes, mais l’espace qu’il construit me fait penser a la nouvelle de Borges.
On s’attend, au bout d’un moment, è voir apparaître un Aleph dans un coin, un point incandescent renfermant toutes les tensions, tous les relations de nombre ct toutes les connexions secrètes que l’an présent dans cet espace. On a l’impression d’entrer dans quelque observatoire occulte, aux dispositifs mystérieux et impénétrable où se mesure un autre ordre des choses.
Des monolithes solennels aux proportions minutieusement calculées créent un champ de force magnétique composé de formes numériques et géométriques qui se rependent dans l’espace. L’une des formes est subitement matérialisée sur le mur, en plomb et dont la superficie est exactement donnée en millimètre carré. Est-ce cette composition qui fait jouer les serrures invisibles? Sivert Lindblom a signé l’espace de son autoportrait, une petite statue d’homme nu, concentré et réfléchissant intensément. Tel un moine dans une cellule de trappiste la structuration ascétique est rigoureusement exécutée dans l’espace, vibre de la mémé démarche intellectuelle. Lindblom introduit dans son espace des rapports cosmiques et créé à l’aide de moyens précis la sensation d’un univers monumental comme si les murs s’ouvraient vers l’infini. C’est de la magie à l’état pur, d’une beauté sublime qui confine au sacramental.
Torsten Ekbom